La fondation de la Ligue des droits de l'homme

Publié le par Paul-Henri Bourrelier

Communication de Gilles Manceron, historien, spécialiste de l’histoire des colonies, rédacteur en chef de la revue de la Ligue de droits de l’homme. Auteur de Marianne et les colonies (2005)


RESUME
Gilles Manceron indique qu’il est logique que le colloque s’intéresse à la fondation de la Ligue des droits de l’homme car elle a eu de nombreux points communs avec la Revue Blanche. La ligue a connu deux temps forts en 1898 : celui du procès Zola, lorsque neuf témoins de la défense se réunissent le 20 février chez le sénateur Ludovic Trarieux, ancien garde des sceaux, afin de poser les bases d’une association : Jean Psichari, gendre de Renan, Emile Duclos, successeur de Pasteur, Emile Grimaux, chimiste, Artur Giri et Louis Havet philologues, Paul Meyer, Paul Violet, catholique, Jacques Héricourt. A partir de là, la presse annonce diverses réunions en province de comités. L’association, qui ne sera pas déclarée car la loi ne permet pas de le faire utilement, se constitue formellement à sa première assemblée générale convoquée le 4 juin. Parmi les adhérents réunis se trouvent de nombreux collaborateurs de la Revue Blanche, comme Thadée Natanson,  Psichari déjà cité, Lucien Herr, Charles Andler, Daniel Halévy, Jules Renard, Tristan Bernard, ou des proches comme Octave Mirbeau, Jacques Bizet. La ligue est un espace de rencontre d’écrivains, universitaires et membres d’autres professions, appartenant à divers courants. Un tel lieu se constitue par exemple à Rennes au moment du procès dans la maison de Victor Basch protégée par les organisations ouvrières.. Les deux premiers présidents illustrent cette diversité : Pressensé attaque les lois scélérates dont Trarieux, centriste, qui avait été rapporteur et qui évolue. Le combat contre l’antisémitisme, un des thèmes initiaux, sera encore incarné par Victor Basch, président dans les années vingt. Cependant la ligue a une volonté de généralisation manifestée par une phrase de sa déclaration de foi du 4 juin 1898 : « le condamné de 1894 n’est pas plus juif à nos yeux qu’un autre aurait été catholique, protestant ou philosophe ». Très vite elle pose la question des droits sociaux, ou celle de la cause des Arméniens pour lesquels elle organise en juin 1900 un de ses premières soirées de gala au profit des orphelins des massacres de 1895. Autant de convergences avec la Revue Blanche.

Publié dans La SOCIETE et la CITE

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P
Parmi les collaborateurs de la Revue Blanche plusieurs ont eu un rôle déterminantà la LDH<br /> - à la fondatation, comme membres du premier comité central :Jean Psichari (premier secrétaire général, Mathias Morhardt (secrétaire général et collaborateur des deux premiers présidents), Francis de Pressensé (président de 1903 à 1914)Georges Bourdon (intervention décisive à la première AG, restera membre du cc jusqu'à sa mort en 1938), Joseph Reinach (la RB publiera son Histoire de l'affaire Dreyfus), Thadée Natanson (restera membre du cc jusque 1907).<br /> - D'autres collaborateurs de la RB auront des fonction importantesà la LDH: Victor Barrucand (à Rennes et à Alger), Pierre Quillard, André-Ferdinand Herold, Maxime Leroy (conseiller juridique), Lucien Herr, Alexandre Varenne.
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