Aux sources du renouvellement de l'Edition française

Publié le par Paul-Henri Bourrelier

Communication de Jean-Yves Mollier, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et auteur de nombreux livres concernant l'édition, le livre et la lecture : L'Argent et les Lettres. Histoire du capitalisme d'édition, Fayard, 1988); Louis Hachette. 1800-1864, le fondateur d'un empire, Edition, presse et pouvoir France au XXe siècle".

RESUME

Jean-Yves Mollier a choisi d’aborder la Revue Blanche du point de vue de l’édition. Il  rappelle que l’éditeur est un  personnage nouveau au XIXe siècle, campé par Balzac, contesté par Les Goncourt et Flaubert. L’édition devenue une industrie encadrée de façon draconienne par les pouvoirs publics, est libérée partiellement en 1870 complètement en juillet 1881. La concurrence reste cependant limitée. On cite certes Vanier et La librairie de l’Art indépendant qui constitue le premier comptoir d’édition, ainsi qu’une poignée d’éditeurs courageux. Les attentes et exigences des jeunes, parfaitement exprimées par les vitupérations de Léon Bloy ou par le journal intime de Pierre Louÿs qui se refuse à 19 ans à se plier aux exigences commerciales des maisons bien établies, suscitent à partir de 1885-1890 un renouvellement en profondeur. Les avant-gardes lancent alors des revues qui tiennent une place similaire aux bombes des anarchistes. L’ouvrage publié en 1912 par Fernand Divoire décortique bien les stratégies littéraires pratiquées depuis vingt ans. Trois revue lancées entre 1889 et 1891, le Mercure de France, La Plume et la Revue Blanche renouvellent le paysage littéraire en constituant un pôle alternatif face au bloc des éditions établies. Si on prolonge jusqu’au milieu du XXe siècle, elles sont encore trois à s’imposer à la mémoire : la Revue blanche, Le Mercure de France et la NRF dont Otto Abetz, nazi authentique, ambassadeur à Paris, disait : « il y a trois forces qui comptent en France : le parti communiste, la banque juive et la NRF. » La NRF était parvenue à ce niveau de puissance grâce son équipe de direction mais aussi parce qu’elle s’était dotée d’un comptoir d’édition confié à Gaston Gallimard. Son parcours est analogue à celui de la Revue Blanche qui avait créé en 1897, avec le succès que l’on sait, sa maison d’édition, suivant en cela le Mercure de France qui avait édité son premier ouvrage en 1892. Les structures d’édition d’avant-garde réussisssent en lançant des écrivains d’avenir qui ensuite leur seront plus ou moins fidèles, mais ceci est une autre histoire. En conclusion les grands noms de l’édition n’ont pas disparu, ils ont su défendre l’industrie culturelle dominante qu’ils avaient mis en place, mais le renouvellement provoqué après 1890  par les trois revues citées les a obligés à composer, et a permis à des nouveaux venus comme Grasset d’emprunter une troisième voie, pour répondre aux aspirations des jeunes écrivainsd ambitieux, celle des éditions à compte d’auteur.

Publié dans La SOCIETE et la CITE

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